Mise à jour
Pour un article et une vidéo sur la propriété (avec photo de moi en action), allez donc voir par là! Par contre c'est en anglais.
Pour un article et une vidéo sur la propriété (avec photo de moi en action), allez donc voir par là! Par contre c'est en anglais.
Depuis 4 semaines, je suis à Possum Creek Farm, près de Bangalow
(photos ici).
Si je suis arrivée ici, c'est principalement parce que je
cherchais à me désengluer de l'attachement que je sentais grandir pour la
communauté et ses membres, et parce que, malgré les soucis de visa de Romain,
je n'en pouvais plus de rester au même endroit. Alors hop, on arrête de
traîner, on se met un coup de pied au cul et on y va.
Je me suis donc connectée sur le forum de wwoofing et suis tombée
sur une annonce pour un lieu tout près, cherchant des volontaires
immédiatement. L'article parlait d'un site de démonstration pour la
permaculture et le management holistique d'une ferme, avec des animaux, le tout
à même pas une heure en direction de la côte. Mail envoyé aussitôt, le
lendemain je recevais une réponse positive avec rendez-vous deux jours plus
tard, tôt le matin pour commencer. Bingo, le flot du voyage était de mon côté à
nouveau.
Les quatre semaines qui ont suivi sont les plus riches en
enseignement et en travail physique que j’ai pu faire depuis le début de mon
voyage. Alors que dans mes précédentes expériences de wwoofing je me formais
principalement en bouquinant et en posant des questions à mes hôtes, ici les 6h
de travail quotidien m’ont propulsée dans la pratique pure de ce que j’avais pu
engranger comme informations. Fini la théorie ! J’ai pu ressentir jusqu’au
fond de mes os cette vie que j’ai choisi. Préparer les lits de semence en
commençant à la pioche pour ensuite passer à la fourche puis au râteau,
éclaircir des bois à la machette et au coupe-branches, semer à la main en
transportant son seau de 10 kilos de graines…
Pas ou très peu d’utilisation d’outils électriques ici, et le
plaisir de sentir ses muscles tirer et de comprendre, viscéralement, ce que
veut vraiment dire cultiver. J’ai retrouvé ce bonheur simple que je ressentais
en aidant Florent et Sylvie à monter leur ferme. Le travail est rude, les
journées longues, mais la récompense est de taille. Voir pousser, d’une semaine
sur l’autre, ce qu’on a planté et nourrit, noter les petites modifications
comme les grandes, s’émerveiller de voir papillons et libellules revenir dans
ses champs et jardins potagers qui étaient auparavant massacrés par la tonte et
les insecticides…
La propriété, anciennement détenue par une artiste, est sublime,
dans le style sub-tropical. Forêt de bambous, palmiers, plantes luxuriantes qui
pour nous sont exotiques, et une vue imprenable sur le cratère d’un ancien volcan.
Le nouveau propriétaire, qui est dans la finance, a décidé qu’avoir plein de
sous ne suffisait pas à vous rendre riche. Il a décidé d’acheter cet endroit et
de le transformer en une ferme de démonstration d’agriculture holistique et de
permaculture. Le but avoué ? reconnecter les gens de ce coin très branché
de l’Australie avec leur nourriture, et avec une façon de faire pousser les
légumes et d’élever les animaux qui soit respectueuse de la planète, de
soi-même, et d’eux.
Cet endroit qui démarre est un paradis pour la mise en pratique et
j’y ai une latitude énorme pour faire des propositions, des essais, et des
erreurs. La deuxième semaine, il a fallu se débarrasser d’une vache car, trop
vieille, ses cornes commençaient à pousser dangereusement près de ses mâchoires,
provoquant des blessures. J’ai ainsi appris, connaissance longtemps espérée, à
écorcher et découper une vache. Pour ceux qui le veulent, les photos sont là.
Pas de perte ici : la viande, une fois dégraissée et
découpée, sera passée au hachoir pour en faire de la nourriture pour chien, le
rumen est récupéré et mis en culture pour produire un biofertilisant très
puissant, les viscères, la graisse et la peau, enfouie dans des copeaux de
bambou où elles tourneront en compost, les os brûlés pour en récupérer la
cendre, fertilisante elle aussi. Pour moi qui suis devenue quasi végétarienne
au cours de ces 8 mois, suivant en cela la diète de mes hôtes, l’expérience est
d’autant plus porteuse de sens dans son absence totale de gâchis. C’est ça qui
fait sens, ça que je veux. Je ne veux plus laisser à d’autres le soin d’élever,
de tuer et de transformer les animaux dont je mange la viande. Je veux apprendre
à le faire moi-même, m’émanciper d’une industrie en laquelle je ne peux pas
avoir confiance et de prendre la responsabilité de ce que je mange. Etape
suivante ? Apprendre à tuer moi-même.